Lancée il y a maintenant plus d’un an et demi, la division britannique de NXT peine toujours à faire parler d’elle. Malgré des noms qui claquent et des shows hebdomadaires de qualité, les fans du monde entier ne parle généralement d’elle que lorsque ses protagonistes viennent faire coucou du côté d’Orlando. Un triste bilan quand l’on sait que le potentiel est absolument présent, mais aussi tout ce qu’il en a coûté pour en arriver là. Le catch indépendant britannique est en partie en ruine depuis de nombreux mois, dépourvu de ses meilleurs talents qui ont, a raison, choisi de vivre une meilleure vie.

Dans ces conditions, au terme donc d’une construction confidentielle de plusieurs mois, NXT UK était de retour ce dimanche 12 janvier à l’Empress Ballroom de Blackpool pour un nouveau TakeOver. A vrai dire, il n’y avait pas forcément besoin d’être un téléspectateur assidu du programme pour être convaincu d’assister à cet événement. Cinq matches sur la carte, trois de championnat, et la certitude d’en avoir pour tous les goûts.

La chauffe avant le grand spectacle

Dans ce sublime écrin de Blackpool, le show s’est ouvert avec le match qui était sur le papier le moins excitant. Une affiche entre Trent Seven et Eddie Dennis, qui aurait même eu du mal à vendre du rêve sur des rings indépendants entourés de fans parfaitement habitués aux deux hommes. Avec ça, la confrontation s’est finalement avérée être parfaitement menée. Huit minutes ont amplement suffit, avec un rythme effréné et quelques spots qui auront donné au public de quoi se mettre en appétit. Le malicieux Dennis, qui a d’abord projeté Seven dans un coin non protégé avant de lui porter un razors edge effrayant vers l’extérieur du ring, s’est imposé sans faire trembler les murs.

Suivait un match comptant pour le championnat britannique féminin. Un combat triple menace où Kay Lee Ray défendait sa ceinture contre Toni Storm et Piper Niven. Ce fût un très bel affrontement. Les trois femmes se sont données corps et âmes pour offrir une prestation à la hauteur de l’événement. Là-aussi, le rythme était au rendez-vous – il le sera pendant tout le show- de très belles séquences ont été exécutées (notamment une avec un canadian destroyer remarquable de Niven), et le suspens est resté total jusqu’au bout. Roublarde, la championne a su profiter d’un frog splash de Storm sur Niven pour effectué le tombé sur cette dernière et conserver son titre.

Le récital de Tyler Bate et Jordan Devlin

Le match suivant opposait deux prodiges du catch européen et ne pouvait nous offrir qu’un moment de régal. Il fût bien plus que ça. Pendant près de vingt cinq minutes, Jordan Devlin et Tyler Bate ont montré à quel point leur talent les amèneraient loin, et nous ont donné l’un des ces matches qui nous transporte ailleurs l’espace de quelques instants. Il n’y avait pas d’enjeu ici, mais le plus grand mérite de cet affrontement aura peut-être été de rappeler au monde entier que le catch britannique a vécu ces dernières années une époque extraordinaire, qui aura notamment amené à l’éclosion de ces deux formidables athlètes.

Difficile de résumer ce match, tant il fût dans la démesure du ring. La technique, l’agilité, la force, l’endurance… tout était au rendez-vous, tout fût effectué avec une précision d’orfèvre. Les multiples ovation du public n’ont pas été volées. Le plus grand conseil qui puisse être donné si vous n’avez pas vu ce match est d’y courir, de prendre une pause pour souffler, et peut-être de le regarder encore et encore. Faut-il le préciser, Tyler Bate en est sorti vainqueur, sous les yeux admirateurs de Johnny Saint, William Regal, et Triple H, debout comme tout le monde dans l’un des balcons de l’arène.

Quatre équipes et beaucoup de chaos

Comment enchaîner après ça ? Avec un match de l’échelle, bien sûr ! Nous nous reposerons plus tard. Les champions par équipe Mark Coffey et Wolfgang défendaient leur championnat contre non pas une, ni deux, mais trois duos ! Zack Gibson & James Drake, Imperium représenté par Marcel Barthel & Fabian Aichner, et Mark Andrews & “Flash” Morgan Webster. Là-aussi la folie s’est emparée de l’Empress Ballroom.

De l’action en continue et à couper le souffle. Cette bataille est sans aucun doute à inscrire au palmarès des meilleurs matches de l’échelle de ces dernières années à la WWE. L’énergie qui s’en est dégagée est comparable à celle qui avait endiablé la Nouvelle-Orléans lors d’un match similaire à TakeOver, il y a deux ans. Des prises de risque incroyables, des enchaînements maîtrisés, très peu de loupés et une intensité de dingue.

Peut-être à la surprise générale, c’est Gallus qui est parvenu à décrocher les ceintures, et qui a donc conservé son championnat par équipe.

WWE Photo

WALTER, champion incontesté

Enfin, le main-event voyait Joe Coffey concourir une nouvelle fois pour la ceinture de champion NXT du Royaume-Uni face au champion WALTER, lui débarqué à la WWE il y a un an tout juste et dont l’impact s’est déjà fait ressentir. Après plus d’une heure de très haute intensité, il faut avouer que toutes les têtes avaient besoin de souffler un peu. Le rythme du combat le permettra assez bien, puisqu’il s’inscrira finalement dans le format des main-event type de NXT, où l’action monte crescendo jusqu’à ne plus jamais redescendre. Il fût assez agréable de voir deux catcheurs de ce gabarit s’affronter si haut dans une carte. Ça tape fort, ça fait mal, jusqu’à nous faire serrer les dents et boucher les oreilles.

Ce genre de duel basé sur la force ne peut évidemment pas faire autant l’unanimité que les deux combats précédents. Mais on peut qu’apprécier l’engagement mis et la tension permanente qui s’en dégage.

On regrettera peut-être, encore une fois, ce besoin pas forcément nécessaire d’aller dans “l’épique” – surtout après déjà deux matches dont la tension n’était pas encore redescendue – avec le très traditionnel ref bump (qui a précédé une intervention d’Ilja Dragunov et Alexander Wolfe), la demi-heure de combat, et les seconds souffles à la pelle. WALTER conserve finalement son titre en faisant abandonner son adversaire, histoire de prouver encore un peu plus à quel point sa domination est incontestable.

Et alors que tout le monde croit le show fini, et que les membres d’Imperium entourent leur leader et champion WALTER, l’Undisputed Era menée par Adam Cole se jette comme une meute de loup sur eux. La réaction est exceptionnelle, le moment est fort et le message est bien passé.

Cette attaque en fin de show sert parfaitement le programme des prochaines semaines, avec Worlds Collide en ligne de mire. Mais la réponse ultra-positive des fans à l’intervention de l’Undisputed Era pourrait faire admettre une chose. Le programme NXT UK vit encore dans l’ombre de sa grande sœur NXT.

Cette sensation comme quoi le public est venu voir ce show grâce à l’étiquette “TakeOver” qui lui a été apposée, persiste. La promesse de voir du bon catch était faite, qu’importe les rivalités en cours. C’était bien, mais l’envie fût-elle donnée aux gens de regarder les programmes hebdomadaires de NXT UK ? Pas sûr.

Au-delà de ça, ces deux heures et demi de spectacle ont été vraiment très satisfaisantes. Devlin/Bate fût remarquable, le match de l’échelle saisissant, le triple menace féminin très réussi et le main-event a su convaincre. Le public anglais, toujours au rendez-vous, a encore une fois bonifié l’action. Même s’il est difficile de dire de quoi le futur de NXT UK sera fait, TakeOver: Blackpool II restera certainement comme l’un des incontournables de la marque.