L’Humeur Indépendante : Le jour où la TNA est devenue “Total Non-Stop Hardy”

Décidément, dans le monde du catch indépendant actuel, il y en a des choses à dire. Que ce soit concernant le match controversé – “match de l’année” pour certains, et “business-killer” pour d’autres (Vader et Jim Cornette, notamment – entre Ricochet et Will Ospreay dans le cadre du NJPW Best of Super Juniors Tournament vendredi dernier, ou bien l’arrivée prochaine de Cody Rhodes à l’EVOLVE (peut-être, suivant les traces réelles et “kayfabe” de Drew Galloway et EC3 ?), moult sujets étaient à débattre cette semaine. Néanmoins, rien de moins hilarant et, d’une certaine manière, inquiétant que le segment phare du dernier Impact Wrestling.

Cœur du “build-up” de leur grand Grudge Match (plus précisément, un Full-Metal Mayhem) à TNA Slammiversary XIV, l’extrait voit un très sérieux Jeff Hardy confronter son frère, devenu complètement fou depuis la perte de son titre de champion du Monde, dans sa maison. Une famille Hardy qui devient presque plus dysfonctionnelle que la famille McMahon :

“Brother Nero, it’s ovah !”

Entre les mauvais angles de caméra, l’immensité des maisons des ex-stars de la WWE filmée par drone et l’accent irrégulier et drôlatique du délirant ‘Big Money Matt’ (ou, à en juger par sa coiffure, est-ce un double alcoolique et schizophrénique de Seth Rollins ?), le tout est aussi pathétique que le “Château Blanc de la Terreur” de Big Van Vader ou le Dungeon of Doom de Kevin Sullivan … Tout le monde, via la magie d’Internet, semble s’en être moqué – même un certain Colt Cabana. Alors, qu’en penser véritablement ? Est-ce une tentative sincère à l’égard d’un supposé public plus large ? Est-ce un “angle” ironique pour justement faire parler les internautes ? Ou se pourrait-il être tout simplement un exutoire pour les frères Hardy, désormais tout-puissants à la TNA ?

En effet, depuis plusieurs mois, Matt Hardy particulièrement est devenu un pilier de l’équipe créative de la compagnie de Dixie Carter, ne cessant de montrer son soutien sur les réseaux sociaux. A l’image de son frère cadet dès son retour en 2010, il profite d’une liberté sans comparaison (parfois trop, n’est-ce pas Jeff ?) avec ses anciens séjours à la WWE, en échange d’un salaire plutôt satisfaisant. Son personnage, qu’il soit “heel” ou “face”, peut s’exprimer comme il le souhaite. Après avoir fait ressurgir Willow The Wisp, un personnage des premières années de Jeff Hardy à l’OMEGA (la promotion des Hardy, avant leur arrivée à la WWF/E, ramenée à la vie récemment), les deux frères ont ramené leur ami Shane Helms pour devenir l’un des “agents” de la X-Division, puis ont emmené TNA Bound For Glory 2015 devant leur public de leur Caroline du Nord natal. Ainsi, aujourd’hui plus que jamais, les Hardy Boyz semblent gentiment tirer les ficelles de la TNA (ou plutôt “Impact Ventures Inc.”) et de son produit créatif présenté. Malheureusement, si certains de leurs apports peuvent se montrer bénéfiques – sans compter leur soutien franc et honnête -, celui-ci pourrait en être que plus dommageable pour l’un des deux seuls Pay-Per-Views de l’année, du côté de Nashville.

Quand trop de “fun”, tue le “fun” …

Slammiversary_2016

Dimanche prochain, la TNA présente son annuel événement célébrant son existence, Slammiversary XIV. Une occasion qui se veut vitrine de ce qu’est la TNA, ce qu’elle était et sera à l’avenir. Une opportunité pour les Ethan Carter III, Drew Galloway et autres Mike Bennett de prouver leurs valeurs. Mais aussi, un moyen pour la narration d’Impact Wrestling de boucler ou grandement avancer certains de ses plus importants scénarios, et de mesurer leur efficacité. En effet, à 35$ le PPV, un tel show peut apporter ou non quelques sous de plus à la TNA – si les fans sont assez intéressés, et généreux, pour le demander. Avec une telle comédie de show de catch que les frères Hardy se sont amusés à organiser et diffuser, même les plus fervents supporters de cette TNA maigre et décrépie doivent trouver cela difficile de se décider. Une hésitation bien dommage tant des talents comme The Decay, Rockstar Spud et Eli Drake (ces deux derniers ont d’ailleurs participé à une parodie du dit “Director’s Cut”, alors en tournée au Mexique – une merveille d’auto-dérision, signée EC3) en ont besoin, pour confirmer leur propre efficacité et valider la confiance qu’il leur est aujourd’hui accordée.

En outre, cet original “Contract Signing” – tout second-degré dont il pourrait en fait se réclamer – prouve une nouvelle fois la déroute dans laquelle la TNA est actuellement, et la distance qui la sépare du reste du monde du catch. Que ce soit Lucha Underground et son univers très scénarisé mais non moins cohérent et bien orchestré, ou l’EVOLVE et sa narration réaliste et moderne, chacun démontre que l’innovation, le progrès, l’originalité et la créativité sont compatibles, même sans les moyens monstres de la WWE et sa petite sœur, NXT. Il serait donc temps que la TNA s’en rende compte et commence à vraiment agir, concrètement et durablement, avec ou sans riches nouveaux propriétaires ou frères Hardy ravis de s’exprimer. Autrement voilà, en somme, qui ne sera arranger ses audiences une fois SmackDown en direct tous les mardis soirs …