Des premiers talents d’ores et déjà qualifiés pour les WWE Global Cruiserweight Series à venir, il y en a un qui occupe une place toute particulière dans le cœur de certains fans américains. Ce n’est pas le “hottest free agent” du moment Zack Sabre Jr., ce n’est pas l’ex-ROH Tommaso Ciampa, le jeune écossais Noam Dar, ou même le charismatique et méritant (surtout connaissant son parcous), Rich Swann. Mais c’est le japonais Akira Tozawa, le vétéran (à 30 ans seulement) de cette prochaine compétition révolutionnaire.
« Je n’ai jamais vu quelqu’un d’autre que toi, être accepté aussi vite par ce public. » – Chris Hero
Parmi les premiers diplômés du dojo de la compagnie Dragon Gate, fondée sur les bases de la Toryumon créée par le maître du “Lucharesu” (mixte de Lucha Libre, le catch mexicain, et Puroresu, le catch japonais) Ultimo Dragon, Tozawa en devient tout de suite l’un des jeunes emblèmes. En tout cas, voilà ce qu’était son statut sur le ring, devant les caméras, car son existence était toute autre derrière, dans les vestiaires. Plus que quiconque de cette poignée de jeunes espoirs (ou “young boys”) de la DG, Akira a subit les humiliations et les bizutages malheureusement habituels qui vont avec sa situation. A la personnalité introvertie et timide, au corps un peu plus rondouillard que les autres, celui qui se fait alors appelé ‘The Sun of the Ring’ n’est pas respecté et apprécié par ses pairs, pour des raisons aussi banales que déplorables. N’exprimant la réaction de rigidité et de dureté renommée des nippons, il commence sa jeune carrière sur un réel mauvais pas. En mai 2010, pour prouver sa valeur aux yeux de ses supérieurs et mentors non-désireux, il est envoyé un an aux États-Unis pour participer à la naissance de la filiale américaine, menée par Gabe Sapolzky (l’un des fondateurs de la Ring of Honor, Dragon Gate : USA. Une épreuve de plus pour le jeune mal-aimé, qui va se révéler comme la plus belle des délivrances.
Entre ses passages à la DG:USA et la Chikara, Tozawa est appelé par la promotion californienne iconoclaste, Pro-Wrestling Guerrilla. Dirigée par des lutteurs, pour organiser seulement une dizaine de shows par an, elle est résidente de la ville de Reseda, où elle a cultivé un public récurrent d’habitués passionnés. Faisant venir des catcheurs indépendants de tout le circuit américain, Akira se retrouve seul et démuni au milieu de tous ces anglophones, amis ou du moins connaissances. Une adversité seulement apparente puisqu’il suffira de quelques mois pour que ce jeune talent nippon, à la discipline digne des plus grands, soit accepté dans cette grande famille. De part sa personnalité unique et la qualité de ses performances entre les cordes, Tozawa devient très vite l’attraction incontournable de la promotion, à la fois pour les fans mais pour les catcheurs aussi. Enfin, le ‘Sun of the Ring’ voit son avenir s’ensoleiller.
« Après tout ce que tu as accompli ici, la Dragon Gate n’aura d’autre choix que de te mettre au sommet. » – Kevin Steen (aka Kevin Owens)
Vainqueur du chouchou El Generico lors du tournoi estival Battle of Los Angeles, il s’incline ensuite face à un Chris Hero au meilleur de sa forme. Le combat restera sans doute le meilleur match de sa carrière, de celles qu’on qualifie dans le jargon de “break-out performance”, et qui impressionnent tant les promoteurs. Les mois suivants, l’énergique nippon s’allie avec la star montante du moment, Kevin Steen, formant avec lui le duo Nightmare Violence Connection. Cruels envers leurs adversaires sur le ring, les deux sont incroyablement divertissants pour l’audience intimiste de Reseda. De catcheur émérite, Tozawa passe à “entertainer” unique.
Alors que son nom commence enfin à se faire connaître sur le circuit, les cloches de la Dragon Gate le rappellent : le beau séjour libérateur à la PWG arrive à son triste terme. Lors de son dernier week-end, à All-Star Week-End 8, il offre trois (!) des meilleurs performances de l’événement. D’abord, face à son allié devenu ami, Kevin Steen, puis en équipe avec lui, contre les prometteurs RockNES Monsters (Johnny Yuma & Johnny Goodtime), avant de terminer en beauté avec un excellent rematch face à Chris Hero. Comme il est coutume à Reseda, nombre discours d’adieu s’en sont suivis – lesquels n’ont sûrement pas été compris dans leur intégralité par le jeune Akira Tozawa, qui en avait cependant bien ressenti la teneur – laissant un Tozawa ne réussissant pas à retenir ses larmes, des “streamers” lancés sur ses épaules et se tenant debout fièrement, comme pour conserver une dignité qu’il ne risquait pas de perdre.
Fort heureusement, ceci s’est par la suite révélé n’être qu’un au revoir : en juillet 2015 puis début 2016, Akira Tozawa est revenu pour deux shows de la PWG, avec un enthousiasme monumental. Pour lui, ce fut sûrement un cadeau bien mérité après un retour au Japon placé sous de meilleures augures, où il a pu s’entraîner plus sereinement et s’épanouir correctement sur le ring, remportant tous les titres secondaires proposés par la Dragon Gate. Et puis, récompense des récompenses espérons-le (outre sa participation plus que légitime et méritée aux Global Cruiserweight Series bientôt tenues), peut-être bientôt remportera-t-il enfin l’Open The Dream Gate Championship dont il a tant rêvé ? C’est tout ce que mon humble personne lui souhaite.